Finaliste de plusieurs championnats européens, double olympienne et championne d’Europe en relais en 2021, Tifany Huot-Marchand n’était pas destinée à s’arrêter. Et pourtant à 28 ans, la patineuse tricolore voit sa trajectoire basculer brutalement lors d’une compétition aux Pays-Bas. Une chute, une vertèbre fracturée, la moelle épinière touchée. « J’ai su tout de suite que j’étais paralysée », confie-t-elle. Le sport, qui lui avait tout donné, venait de tout lui reprendre.
Née à Besançon en 1994, c’est à Belfort que Tifany découvre le short track, cette discipline spectaculaire de patinage de vitesse sur courte piste. Elle a neuf ans, sa sœur jumelle Manon l’accompagne. « La vitesse, l’inclinaison, les sensations. C’est indescriptible, mais c’est ce qui m’a fait vibrer », raconte-t-elle. Dès ses débuts, elle enchaîne les performances. Championnats d’Europe, du monde, deux participations aux Jeux olympiques. Le haut niveau devient sa vie, jusqu’à cette course aux Pays-Bas. Ce jour-là, une concurrente chute, l’entraîne avec elle. Le choc est terrible, la cervicale C5 se brise. Tifany ne ressent plus rien.
« Je vais remarcher. Recourir. Repatiner. »
C’est depuis son lit d’hôpital, clouée sans sensation, que l’ancienne championne se fait une promesse : elle ne s’arrêtera pas là. Et elle tiendra parole. Ou presque. Grâce à une rééducation intense, Tifany parvient à remarcher, puis recourir. Mais la glace, elle, ne lui sera plus accessible, jugée trop dangereuse, selon les médecins. Ce sera le deuil d’une carrière, mais pas celui d’un rêve de sportive.
En 2024, elle participe au Marathon pour Tous des Jeux de Paris. Le 14ème kilomètre est un mur, « J’avais l’impression que mes hanches sortaient de mon corps. Je me suis arrêtée. Et puis je me suis dit : j’ai jamais abandonné, je ne vais pas commencer maintenant. Même en rampant, je le finirai. » Elle repart, elle termine, en larmes.
La reconstruction par l’écriture
Son livre, Avec toute mon âme, est un cri du cœur. Un récit sincère, parfois bouleversant, qu’elle commence à écrire depuis son lit d’hôpital. Ce projet devient une thérapie, un acte de résilience. Elle y évoque sans filtre les douleurs, la honte d’avoir voulu tout arrêter, la culpabilité d’aller mieux quand d’autres patients restent en fauteuil.
Aujourd’hui, Tifany s’est lancée dans le paracyclisme et à fait sa première course internationale à Maniago, en mai 2025. Objectif : les Jeux Paralympiques de Los Angeles 2028. Mais aussi un immense défi personnel avec son compagnon : traverser la cordillère des Andes à vélo, près de 12 000 km. « Je veux me reconnecter au monde, et me prouver que tout est encore possible. » À 31 ans, Tifany est bien plus qu’une ancienne championne. Elle est devenue une inspiration. Marraine de la fondation Wings for Life, engagée pour la recherche sur les lésions de la moelle épinière, elle partage désormais son histoire avec ceux qui ont besoin d’y croire encore. « Même dans les ténèbres, la lumière revient toujours », écrit-elle.
Et c’est peut-être ça, sa vraie médaille d’or.
Son histoire et sa vie, Tifany Huot-Marchand la raconte dans le podcast du média positif : L’Heure Positive. Une fois par semaine, Léonard rencontre et discute avec une personnalité à qui les abonnés peuvent poser une question sur sa carrière et sa vie.
Pour voir l’épisode 5 de l’Heure Positive avec Tifany Huot-Marchand, cliquez ici.
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Juliette Deletoile
Journaliste-rédactrice
Le 10/07/2025
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