La santé mentale des jeunes est plus que jamais un enjeu majeur de santé publique. En effet, un jeune sur deux explique se sentir abandonné ou inutile, et 28 % expriment un sentiment de solitude. Pour répondre à cette préoccupation majeure, la Macif et Unis-Cité agissent en faveur de la santé mentale des jeunes à travers diverses actions, tel que le programme de service civique « Ambassadeurs Santé Mentale ».
Lancé en 2019 par la Fondation ARHM (Action Recherche Handicap et Santé Mentale), en collaboration avec Unis-Cité, le programme « Ambassadeurs Santé Mentale » vise à réduire la stigmatisation liée à la santé mentale chez les jeunes, encourager la détection précoce des premiers signes de mal-être, et faciliter l’orientation des jeunes vers des services locaux de prévention et de soins de manière adaptée et progressive.
Lever le tabou de la Santé mentale
« Les jeunes ont toujours été au cœur des actions de prévention de la Macif. Une enquête de Santé publique France1 a montré une hausse des épisodes de dépression en 2021 dans toute la population ; la part des 18-24 ans touchés a quasiment doublé depuis 2017. Près d’un jeune sur cinq a déjà souffert d’un trouble dépressif », explique Lilâ Le Bas, directrice du Pôle Sociétal de la Macif.
Dans les faits, de nombreux jeunes n’ont pas d’espace ou de clés pour parler de leur santé mentale, dans une période pourtant clé de leur construction : peur d’être stigmatisé, manque d’information sur l’accès à des soutiens psychologiques, système de santé mentale étudiante surchargé… « C’est pourquoi il était naturel pour nous de nous mobiliser sur ce sujet. Le programme Ambassadeur en santé mentale repose sur des interventions en pairs à pairs, ce qui s’inscrit en parfaite cohérence avec notre volonté de rendre les jeunes acteurs de leur prévention », poursuit-elle.
Une formation spécifique
Avant de pouvoir intervenir dans divers lieux de vie et d’accueil de jeunes (habitats jeunes, maisons de quartier, associations…), les jeunes en Service Civique qui s’engagent dans le programme « Ambassadeur en santé mentale » doivent suivre une formation spécifique de deux mois, dispensée par Santé mentale France et organisée en Ille et Vilaine par Santé Mentale France Bretagne. « Ce parcours de formations est composé des premiers secours en santé mentale, d’une formation à l’écoute active, sur le développement des compétences psychosociales ainsi que d’apports techniques en termes d’animation de groupe », explique Héléna Le Barbier, coordinatrice du programme « Ambassadeurs Santé Mentale » pour la coordination régionale de Santé Mentale France.
Après leur formation, les ambassadeurs participent à un « rallye ». Au cours de cette semaine, ils rencontrent des structures pouvant venir en aide aux jeunes, comme des points d’accueil d’écoute jeunesse, des maisons associatives, la mission locale ou encore des bureaux d’aide psychologique. « L’idée c’est de continuer à découvrir et donc apprendre, mais aussi être en mesure d’orienter, d’accompagner les jeunes qu’ils vont rencontrer. Ils doivent faciliter la possibilité pour les jeunes de bénéficier de ces appuis », poursuit Héléna Le Barbier.
Autre point important du programme : les jeunes Ambassadeurs en santé mentale doivent se sentir bien dans leur peau afin de pouvoir apporter une aide complète aux jeunes qu’ils rencontrent. Pour Héléna Le Barbier, tout repose sur la confiance en soi et le bien-être. « Pour pouvoir intervenir auprès d’une autre personne et être dans une écoute ajustée, il faut prendre soin de soi. Il y a vraiment cette idée de prendre soin de soi pour prendre soin des autres », explique-t-elle. Pour cela, les coordinateurs du programme veillent à être disponibles afin d’accompagner au maximum les ambassadeurs lors de leur expérience, et ainsi veiller aux impacts du programme sur leur propre santé mentale afin de les soutenir.
Des jeunes auprès des jeunes
Une fois formés, les Ambassadeurs en santé mentale animent des ateliers de sensibilisation et de promotion de la santé mentale de manière positive : « On va dans des classes pour réaliser des ateliers qu’on crée nous-même. Ça peut prendre la forme de jeux, de débats. On va parler d’addictions, de vie affective et sexuelle, de harcèlement, de troubles psychologiques… Le but, c’est d’en discuter entre nous, entre jeunes, de pair à pair », explique Maëlle, Ambassadrice en santé mentale.
L’approche en « pair à pair » constitue en effet la pierre angulaire du programme afin que les jeunes bénéficiaires se sentent à l’aise et puissent s’exprimer sans craindre d’être jugés. « Les élèves nous ont apporté des témoignages qui pouvaient être parfois très touchants et très intimes. Ils nous font confiance pour parler de sujets dont ils n’auraient pas du tout parlé avec d’autres personnes”, raconte Maëlle qui a particulièrement apprécié son service civique. Ce qu’elle en retient ? Le lien qu’elle a créé avec certains bénéficiaires du programme : “Je ne pensais pas créer un lien aussi fort. Ils vont vraiment me manquer quand je vais terminer », témoigne la jeune femme.
Des résultats encourageants
Avec ce programme, la Macif, Unis-Cités et la fondation ARHM souhaitent avant tout lever le tabou autour de la santé mentale et montrer qu’il existe de nombreuses solutions pour pouvoir accompagner ou être accompagné. « Ce que l’on constate, c’est que parler de ce sujet, ça permet vraiment déjà de prendre conscience. Quand on met des mots sur les sujets de la santé mentale, on se rend compte que parfois, même si on ne le pense pas, on est soi-même concerné, ou alors on a un ami ou un proche qui peut l’être. Mais c’est aussi se dire que l’on peut aborder ce sujet de manière positive. Quand on fait de la prévention et qu’on aborde ce sujet en amont, on a des solutions très concrètes pour accompagner les personnes qui en auraient besoin », explique Lilâ Le Bas.
En fin de séance, un questionnaire est remis à chaque participant, pour recueillir leur avis sur l’animation, prendre connaissance de ce qu’ils ont retenu et de ce qui leur a été utile. Et d’après Héléna Le Barbier, les retours sont généralement très positifs. « Cette année par exemple, on est sur des scores où 80 % des jeunes disent que ça leur a permis de réfléchir à leur propre bien-être. »
Un soutien renouvelé de la Macif
Au cours des trois premières années d’expérimentation en Auvergne-Rhône-Alpes et en Seine-Saint-Denis, environ 9 500 jeunes ont bénéficié d’un soutien au sein de près de 100 structures. Le programme trouve progressivement son public à mesure qu’il est déployé dans d’autres régions : pendant l’année scolaire 2022-2023, 88 jeunes Ambassadeurs sont intervenus en Auvergne-Rhône-Alpes, en Ile-de-France mais aussi en Bretagne et en Grand Est.
Dans un contexte où de plus en plus de jeunes sont confrontés à des problèmes de santé mentale, le programme poursuit son déploiement avec un soutien renouvelé de la Macif. En 2023/2024, 164 jeunes Ambassadeurs ont rejoint le programme dans 7 régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France, Bretagne-Normandie, Hauts-de-France, Pays de la Loire – Centre – Val de Loire, Occitanie et Grand Est.
1Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 14 février 2023