Anaïs Werestchack, ancienne Miss Auvergne 2021, et son compagnon, Brice Philippon, ont parcouru la France pour pallier la pénurie de médecins dans les déserts médicaux. De la Drôme à l’Alsace, en passant par le Var et la Bretagne, ils ont consacré une année à effectuer des remplacements dans les zones les plus isolées, où l’accès aux soins est de plus en plus difficile.
Avec 20 786 km au compteur, 45 départements traversés et plus de 5 000 patients soignés, ce projet a été bien plus qu’une simple aventure. Après avoir achevé son internat en Polynésie, Anaïs cherchait un moyen de compléter son expérience, tout en souhaitant faire face à la crise des déserts médicaux. En compagnie de Brice, elle décide d’orienter leur voyage vers ces territoires sous-dotés plutôt que de rejoindre les grandes métropoles françaises.
À 27 ans, ces deux jeunes professionnels de santé sont particulièrement sensibles à cette problématique, ayant eux-mêmes grandi dans des zones reculées. En janvier 2024, ils achètent un van et partent de la Drôme pour se rendre dans les territoires les plus isolés.
30% de la population française vit dans un désert médical
Leur objectif est simple : passer deux semaines à découvrir le territoire et deux semaines à remplacer des soignants. Au total, 25 professionnels de santé ont pu bénéficier de leur aide pendant l’année, apportant ainsi un soutien précieux à des médecins généralistes et des kinésithérapeutes déjà épuisés par la charge de travail.
Aujourd’hui, plus de 30% de la population française vit dans une zone sous-dotée en professionnels de santé, ce qui rend l’accès aux soins particulièrement difficile. Ces habitants doivent parfois parcourir des kilomètres pour consulter un médecin et, dans certains cas, des ruptures de traitement se produisent faute de rendez-vous pour renouveler une ordonnance. Dans certains départements, il faut attendre jusqu’à deux mois pour obtenir un rendez-vous chez un médecin généraliste.
Un médecin couvre à lui seul 652 km 2 dans l’Aveyron
Cette pénurie de docteur a aussi des conséquences sur les soignants eux-mêmes. Selon une enquête de Doctolib, 90 % des médecins en exercice se déclarent fatigués par leur travail, et la moyenne d’âge de ces professionnels inscrits à l’Ordre des médecins se situe autour de 50 ans. De nombreux départs en retraite ne sont pas compensés, aggravant la situation.
Dans l’Aveyron, par exemple, un médecin généraliste couvre un territoire de 652 km² et parcourt chaque année plus de 50 000 km. Ce rythme est difficilement soutenable. Anaïs, qui l’a remplacé pendant un temps, a dû enchaîner entre 25 et 30 consultations par jour, bien au-delà de la moyenne habituelle de 22 consultations quotidiennes pour un médecin.
Un tour de France pour sensibiliser les jeunes professionnels
L’ancienne Miss, aujourd’hui médecin, a aussi fait face à un autre défi : l’absence de plateforme centralisée pour mettre en relation les remplaçants et les médecins en quête de remplaçants. Chercher des remplacements devenait un véritable parcours du combattant, et il fallait souvent passer des heures à prospecter. En fait, Anaïs et Brice ont trouvé une dizaine de remplacements grâce à des recherches sur Facebook, après de longues heures de travail.
Ce tour de France des déserts médicaux ne s’est pas seulement voulu comme une réponse ponctuelle aux besoins de remplacement. Il avait également pour but de sensibiliser et d’encourager les jeunes professionnels à s’installer durablement dans ces régions. À travers ce projet, Anaïs et Brice espèrent inspirer d’autres médecins à s’engager dans ces territoires sous-dotés et ainsi améliorer l’accès aux soins sur le long terme.
Anaïs, tout au long de son aventure, a partagé son expérience avec ses près de 45 000 abonnés sur Instagram. Son voyage terminé, elle continue de sensibiliser son public aux enjeux de la santé en France, tout en continuant à défendre la cause des zones rurales et sous-dotées. Elle met à profit ses réseaux sociaux pour témoigner de son engagement et pour continuer à œuvrer pour une meilleure répartition des professionnels de santé.
Le 17/01/2025,
Adèle Delechat