Plastic Odyssey : à la conquête de la dépollution !
Plastic Odyssey : à la conquête de la dépollution !

Plastic Odyssey : à la conquête de la dépollution !

Depuis le 1er octobre 2022, le navire Plastic Odyssey sillonne les mers des trente pays les plus pollués du globe à l’assaut du plastique. Simon Bernard, à l’initiative du projet, aspire à trouver des solutions durables et low-tech pour recycler les milliards de déchets flottants. 

Si nous ne faisons rien, en 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans l’Océan”. Ce terrible pronostic, Simon l’a assez entendu et compte bien le freiner grâce à Plastic Odyssey.

En 2018, cet officier de la marine marchande a le déclic. Alors qu’il tente de faire escale sur une plage du Sénégal, la trop grande quantité de plastique obstrue le passage de son navire et l’oblige à faire demi-tour. Il prend alors conscience de l’urgence de la catastrophe environnementale. Plastic Odyssey est en train d’émerger ! Simon présente son projet à son camarade de la marine marchande Alexandre Dechelotte et à son ami et ingénieur Bob Vrignaud. Tous les deux acceptent immédiatement.

Un laboratoire flottant

Les trois co-fondateurs s’allient à une vingtaine de collaborateurs. Ingénieurs, techniciens, responsables des projets, et une équipe de marins passionnés rejoignent le projet. Ils se réunissent tous autour d’un « bateau laboratoire » unique en son genre, le MV Plastic Odyssey. Le navire de quarante mètres de long abrite des micro-usines de recyclage. Logées dans des conteneurs maritimes, elles fabriquent des carburants et des objets du quotidien à partir des déchets et des matériaux récupérés en mer et au large des plages. Une fois équipés et accompagnés de sponsors, ils lèvent l’ancre au port de Marseille le 1er octobre 2022. 

Les premiers mois du projet sont consacrés au nettoyage de la mer Méditerranée. En novembre 2022, l’équipe fait notamment escale à Beyrouth au Liban. Le contexte économique du pays entraîne une crise environnementale sans précédent. Depuis leur navire, l’équipe voit les déchets dessiner les contours du littoral beyrouthin.

L’issue de cette première escale est inédite ! Ils forment huit entrepreneurs locaux pour développer et accélérer leur projet de valorisation des déchets. Ils déploient treize initiatives de recyclage. Notamment, ils mettent en avant l’installation de micro-usines de recyclage sur place, qui ont permis la création d’une palette 100% recyclée. Dans le cadre d’un programme pédagogique, l’équipe sensibilise près de 300 élèves à bord du navire. Après trois semaines d’escale, le navire de Plastic Odyssey quitte le Liban pour l’Egypte, le Maroc et la Tunisie. 

Le défi de l’île Henderson : “The Impossible Cleanup”

L’île Henderson, située au cœur du Pacifique Sud, est tristement connue pour être l’île la plus polluée de la planète. L’île de seulement 38 km2 compte plus de 38 millions de morceaux de plastique sur les côtes. En 2019, une première expédition de dépollution avait déjà été effectuée, sans succès. Bloquée par les vagues déferlant sur la barrière de corail qui protège l’île, l’équipe n’a pas pu retirer leurs sacs remplis des 6 tonnes de déchets collectés. Elle a été contrainte de les abandonner sur place.

Cinq ans après cet échec, en février 2024, Plastic Odyssey prend sa revanche ! Pour résoudre le problème de l’évacuation des déchets sans abimer la barrière de corail, les ingénieurs ont fait preuve d’inventivité ! Lorsque la météo était favorable, ils ont utilisé un radeau assez solide pour transporter les sacs remplis de déchets. Et lorsque la mer était trop agitée, ils ont eu recours au parachute ascensionnel pour évacuer les déchets au-dessus de l’eau. 

Au total, Plastic Odyssey a débarrassé l’île Henderson de ses 6 tonnes de déchets abandonnés en 2019. Ils ont aussi réussi à récupérer 3 tonnes de déchets supplémentaires, amassés depuis la première tentative. Tout ce plastique a été recyclé à bord du navire et a servi à créer du mobilier urbain pour les habitants de l’île voisine de Pitcairn. 

Des solutions de recyclage locales et accessibles

Simon Bernard a pour projet d’agir à terre, avant que les déchets plastiques ne se déversent dans l’océan. Pour ce faire, Plastic Odyssey aide les populations locales au développement à terre de solutions peu coûteuses et accessibles. En deux ans, Plastic Odyssey a construit 7 micro-usines de recyclage à terre (dont 10 sont actuellement en construction), 230 initiatives technologiques low-tech, 415 entrepreneurs formés, 5000 enfants sensibilisés, et plus de 40 alternatives au plastique référencées.

La fin de l’aventure Plastic Odyssey est prévue pour avril 2026. Pour l’heure, l’équipe vient d’accoster au large des Philippines, pays qui génère 2,7 millions de tonnes de déchets plastiques chaque année, dont environ 20 % finissent dans l’océan. Un bilan inquiétant qui nécessite l’aide précieuse de ces experts du nettoyage des mers.

30/01/2025

Lucie Carton

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.