Un Australien en attente d’une greffe cardiaque a vécu plus de trois mois avec un cœur en titane. Cet exploit est une première mondiale et ouvre la voie à de nouveaux traitement pour les patients souffrant d’insuffisance cardiaque.
Cent jours. C’est la durée pendant laquelle un patient d’une quarantaine d’années a survécu grâce à un cœur en titane. Dans l’attente d’un donneur compatible, il a testé cette technologie et est devenu la personne ayant porté cet implant pendant la plus longue période jamais enregistrée.
L’homme a reçu l’implant en novembre dernier lors d’une intervention chirurgicale à l’hôpital Saint-Vincent de Sydney. En février, il est devenu le premier patient au monde à quitter l’hôpital avec ce dispositif, qui lui a permis de rester en vie jusqu’à ce qu’un donneur de cœur soit disponible début mars. Selon un communiqué, publié le 12 mars, par l’hôpital Saint-Vincent, l’université Monash et BiVACOR, l’homme se rétablit bien.
Ce coeur assure la circulation sanguine !
L’implant a déjà été testé aux États-Unis dans le cadre d’une étude préliminaire menée par la Food and Drug Administration (FDA) sur cinq patients. Un homme de 58 ans alors atteint d’insuffisance cardiaque terminale a bénéficié de la première implantation en juillet dernier en recevant l’implant au Texas Medical Center.
L’appareil l’a maintenu en vie pendant huit jours, le temps qu’un donneur compatible soit trouvé. Par la suite, quatre autres patients ont participé à l’étude pour évaluer la sécurité et les performances du dispositif en attendant une greffe de cœur. L’objectif à terme est d’étendre l’essai à quinze patients.

Ce cœur artificiel BiVACOR se distingue par sa conception révolutionnaire : il ne comporte qu’une seule pièce mobile, un rotor en lévitation maintenu en place par des aimants. Construit en titane, il ne possède ni valves ni roulements mécaniques susceptibles de s’user. Il assure la circulation sanguine vers le corps et les poumons, remplaçant ainsi les deux ventricules d’un cœur défaillant.
Le fondateur de BiVACOR, Daniel Timms, bio-ingénieur australien, a conçu cet implant après le décès de son père suite à une maladie cardiaque. Il a déclaré qu’il était « exaltant de voir des décennies de travail aboutir ». « Toute l’équipe de BiVACOR est immensément reconnaissante envers le patient et sa famille pour la confiance accordée à notre cœur artificiel total », a ajouté D. Timms.
Un budget de 30 millions d’euros pour l’avenir des traitements de l’insuffisance cardiaque
L’ambition à long terme est de proposer ce dispositif aux nombreuses personnes figurant sur les listes d’attente de greffes cardiaques. Le professeur Chris Hayward, de l’Institut de recherche cardiaque Victor Chang, estime que le BiVACOR pourrait marquer un tournant décisif dans le domaine des transplantations cardiaques. « Dans la prochaine décennie, le cœur artificiel deviendra une alternative viable pour les patients qui ne peuvent pas attendre un cœur de donneur ou lorsqu’aucun organe compatible n’est disponible », a-t-il affirmé dans un communiqué de presse. Il supervise le rétablissement du patient australien et a participé à la préparation du dispositif pour les essais cliniques.
Cette implantation en Australie est la première d’une série prévue dans le cadre du programme Artificial Heart Frontiers de l’université Monash. Doté d’un budget d’environ 30 millions d’euros, cette étude vise à développer et commercialiser trois dispositifs destinés au traitement de l’insuffisance cardiaque. Le succès de ce coeur en titane est un signal encourageant pour l’avenir des traitements de l’insuffisance cardiaque. Il pourrait offrir une alternative durable aux patients en attente d’une transplantation.
Adèle Delechat
Le 15/03/2025
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