En 1942, plus de huit cents Juifs de l’Ouest de la France montent dans un convoi dirigé vers Auschwitz. À 17 ans, Odette Bergoffen aide sans relâche ses voisins juifs à échapper aux rafles nazies.
« J’ai fait ce que je devais faire. Il ne faut pas en faire un plat ! » Avec une sincère modestie, Odette Bergoffen ne tire aucune fierté du courage dont elle a fait preuve en 1942. Pour elle, c’était simplement un acte nécessaire. Odette Bergoffen grandit à Vernoil-le-Fourrier, dans le Maine-et-Loire. Elle rencontre ses nouveaux voisins, une famille juive : Louise et Ephraïm Moscovici, et leurs deux enfants, Liliane, 2 ans, et Jean-Claude, 6 ans. Odette, alors âgée de 17 ans, se lie d’amitié avec la famille et se promène souvent avec les enfants Moscovici dans le grand parc.
Un périple à bicyclette pour sauver des vies
En juillet 1942, Ephraïm et ses deux frères sont arrêtés puis déportés dans le sinistre convoi numéro 8 allant directement à Auschwitz, le plus grand centre concentrationnaire du IIIe Reich. Le lendemain, Louise et Odette confient les enfants à des voisins et parcourent 100 km à bicyclette et en train pour fuir vers Tours, en lieu sûr. Odette conduit Louise chez sa tante, qui habite non loin de là, et lui procure des papiers d’identité falsifiés pour qu’elle puisse passer en zone libre. Quelque temps plus tard, Odette retourne chercher les enfants Moscovici (entre-temps, ils avaient été arrêtés puis placés dans une organisation juive trop connue des autorités) afin de les mettre en sécurité. Elle les cache avant d’aller chercher leur mère pour la ramener auprès d’eux.

Jean-Claude Moscovici et Odette Bergoffen © Nicolas Froissard
Des vies épargnées
Cette parenthèse dure plus d’un an. Durant les derniers mois de l’Occupation, Odette vit cachée avec les trois Moscovici chez son oncle et sa tante, au village de Morannes, dans le Maine-et-Loire, jusqu’à la Libération. « Nous sommes repartis aussitôt pour Vernoil, avec les deux gamins sur nos porte-bagages », se souvient Odette, presque amusée.
Tout au long de sa vie, Odette a témoigné dans les collèges et lycées pour préserver la mémoire de la Shoah. Déjà honorée du titre de Juste parmi les Nations en 1994, comme 27 autres Ligériens, elle a été décorée de la Légion d’honneur le 8 mars 2025, journée internationale des droits des femmes, pour son courage et sa solidarité envers la famille Moscovici. Un titre plus que mérité pour cette résistante qui a agi concrètement et avec détermination !
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Lila Fadel
Le 17/04/2025
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