Ancelin Margerie : l’ascension du Mont Blanc d’un alpiniste handicapé moteur
Ancelin Margerie : l’ascension du Mont Blanc d’un alpiniste handicapé moteur

Ancelin Margerie : l’ascension du Mont Blanc d’un alpiniste handicapé moteur

Ancelin Margerie a réalisé son plus grand rêve en juin 2021 : gravir le Mont-Blanc. Souffrant d’une raideur musculaire au niveau des jambes et se déplaçant au quotidien en fauteuil roulant, cette ascension sans jamais être porté relève d’un exploit ! 

Les médecins lui avaient prédit une vie en fauteuil roulant, mais Ancelin Margerie a défié toutes les attentes en gravissant le plus haut sommet d’Europe. Ce jeune homme souffre depuis sa naissance d’une malformation musculaire due à un manque d’irrigation dans son cerveau.

S’il se déplace quotidiennement en fauteuil roulant, Ancelin doit perpétuellement s’entraîner à marcher puisqu’il n’a pas de mémoire musculaire. Si son corps reste inactif rien qu’une semaine, tous ses efforts sont annulés. Ayant commencé à marcher à 7 ans, “il a le potentiel musculaire d’un enfant de cet âge” déclare Bernadette, sa mère, à Ouest-France. Originaire d’Annecy, en Haute-Savoie, il a été scolarisé dans un lycée spécialisé avec une obsession : l’escalade. 

Dès 12 ans, il rêve de gravir le Mont-Blanc

Issu d’une famille montagnarde, Ancelin a vite trouvé sa voie dans l’alpinisme. À 12 ans, son rêve est de gravir un jour le Mont-Blanc. Il met alors tout en place pour réussir. « À l’époque, il marchait à peine et dépendait d’un déambulateur », se souvient sa mère. « Pour beaucoup, cela semblait impossible, mais pas pour lui. »

Pour renforcer sa musculature, Ancelin se consacre à l’escalade chaque semaine. Avec le soutien indéfectible de ses proches, il s’entraîne sans relâche, non seulement pour sa rééducation, mais aussi pour réaliser son rêve de devenir alpiniste. « Le handicap n’a pas de vacances », rappelle sa mère, consciente de l’intensité de l’effort. Son premier défi : gravir une voie d’escalade de plusieurs centaines de mètres en montagne.

Curieusement, Ancelin semble plus à l’aise en escalade qu’en marchant sur terrain plat. Après des mois d’entraînement et avec une détermination sans faille, il parvient à atteindre le sommet du Grand Châtelard avec son équipe.

En plus de son handicap moteur, il souffre d’épilepsie 

En raison de la raideur de ses muscles, Ancelin souffre de graves problèmes d’équilibre lorsqu’il marche. Pour l’aider, sa mère a imaginé un dispositif de stabilisation constitué de barres latérales, maintenues par des hommes en tête et en arrière, afin de l’accompagner lors des ascensions sans jamais devoir le porter. 

Ancelin multiplie les sorties à plus de 4 000 m d’altitude pendant plusieurs années, accumulant des heures d’entraînement et de randonnée. Chaque expédition est l’occasion de tester son endurance et d’adapter son corps aux exigences de la haute montagne.

L’altitude et la difficulté de la marche représentent des défis majeurs pour Ancelin, d’autant plus qu’il souffre d’épilepsie depuis l’âge de 6 ans, une conséquence de sa malformation cérébrale. Cette pathologie, bien que contrôlée par un traitement quotidien, s’aggrave avec l’altitude. La préparation est donc minutieuse et progressive. Pour minimiser les risques, Ancelin se soumet à des tests d’endurance en altitude.

“La dernière étape a été particulièrement difficile”

Le 16 juin 2021, après des années d’efforts, il réussit à atteindre le sommet du Mont-Blanc par la voie normale, sans être porté une seule fois. « C’était un défi immense, mais je voulais prouver à moi-même que je pouvais accomplir des choses malgré mon handicap, » confie-t-il à Ouest-France. « Je voulais aussi montrer que les médecins avaient tort, ceux qui disaient quand j’étais enfant que je ne marcherai jamais. »

À cause des conditions météorologiques difficiles, le train du Nid d’Aigle était fermé. Pour économiser ses forces, l’équipe décide de rejoindre le pied du Mont-Blanc en parapente. Le 14 juin, Ancelin décolle pour un vol de 1h30, atterrissant à 200 mètres sous le refuge de Tête Rousse. Le lendemain, l’équipe commence l’ascension tôt le matin, et après plusieurs étapes ardues, atteint le sommet le 16 juin.

Les trois premiers jours se passent relativement bien, mais la dernière étape est particulièrement difficile. « Ancelin a commencé à ressentir de fortes douleurs aux bras, car il devait constamment s’appuyer sur les barres pour garder son équilibre », se souvient sa mère. « En plus, l’altitude compliquait son épilepsie, et il était épuisé. »

Une passion qui est loin de s’arrêter 

Malgré la fatigue extrême et les douleurs, Ancelin a fait preuve d’une volonté de fer. Accompagné de son frère Antoine et de son meilleur ami Paul, le moment était davantage émouvant. Son ascension du Mont-Blanc a été immortalisée dans un film réalisé par Bruno Peyronnet, produit par WIDE Production et France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. Ce documentaire retrace son incroyable parcours, ainsi que sa préparation pour ce défi monumental.

Depuis cet exploit, Ancelin Margerie continue de s’entraîner régulièrement, escaladant chaque année des sommets de 2 000 à 2 500 m. Pour suivre les aventures d’Ancelin et soutenir ses projets futurs, il est possible de faire un don à l’association Escal’Handi-T’Rêve.

Adèle Delechat

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