Beach art : dessiner pour rendre hommage !
Beach art : dessiner pour rendre hommage !

Beach art : dessiner pour rendre hommage !

Sur la plage de Saint-Cast-le-Guildo, en Bretagne, Philippe transforme les marées basses en toiles géantes depuis trois ans. Aujourd’hui âgé de 65 ans, il a commencé en hommage à sa mère décédée, et offre depuis ses dessins éphémères aux passants, le temps d’une balade.

Pieds nus, râteaux à la main et sac sur le dos, Philippe foule le sable de Saint-Cast-le-Guildo. Plusieurs fois par semaine, celui qui se fait appeler le Jardinier des Sables, s’adonne à un rituel particulier. Le beach art, ou l’art de dessiner sur la plage. Depuis trois ans, il trace ses œuvres sur le sable de cette station balnéaire bretonne. Une activité née d’un hommage : le 1er avril 2021, un an jour pour jour après le décès de sa mère, il décide de venir sur la plage, pour lui envoyer une sorte de message. Sans trop réfléchir, il trace des formes dans le sable mouillé, à marée basse.

L’art de se laisser aller

Philippe s’est formé en autodidacte. Pré-retraité de 65 ans, il découvre dans ce geste artistique une forme de méditation. Au fil des heures passées à dessiner, les formes se précisent. Mandalas, animaux, symboles : il ne prévoit rien, il suit son instinct, son imagination et sa respiration. Cet artiste n’a pas de cadre, pas de limite, si ce n’est celle de la plage. « Je trouve ça extraordinaire », confie-t-il. Concentré, il lui arrive parfois de lâcher prise, et se sent alors incroyablement bien. Certains jours, il parvient à se déconnecter totalement pour ressentir « pleinement l’instant présent », comme un mantra tracé dans le sable.

La beauté éphémère

On pourrait croire que le vent ou la mer, qui effacent des heures de création, seraient une source de frustration. Mais pour Philippe, c’est tout l’inverse. L’éphémère est une force. « Ce n’est pas grave si ça disparaît, il ne faut pas en avoir peur », dit-il. Il commence à partir d’une forme simple : un triangle, un cercle… puis laisse la danse du râteau guider ses pas. « Petit à petit, tu danses un peu dans le dessin, et tu crées des formes différentes. » Le lâcher-prise, selon lui, demande de la pratique et des années d’expérience.

Une galerie à ciel ouvert

Les passants s’arrêtent souvent, intrigués par cet homme qui ratisse la plage comme un jardin zen. Certains lui lancent un « bravo », des habitués viennent discuter avec Philippe quelques minutes. Très humble, Philippe savoure ces échanges, éphémères eux aussi, mais précieux. « Quand j’ai fini mon dessin, en général il y a des gens qui sont autour. Je leur fais un petit signe. Il y en a qui applaudissent, d’autres sourient.. Même si je suis assez solitaire, j’aime bien de temps en temps ce contact. » À travers ses dessins, il espère transmettre un message simple mais puissant : s’aimer soi-même, aimer les autres, se sentir heureux… et surtout prendre le temps.

Équipé d’un petit drone, il immortalise parfois ses œuvres vues du ciel. Mais ce n’est pas systématique. « On n’est pas obligé d’avoir des traces tout le temps. C’est bien d’avoir des photos, mais l’instant présent ne se renouvellera pas. » Avant de repartir, il jette toujours un dernier regard à ses dessins. Comme un au-revoir silencieux à la plage, un hommage aux éléments qui l’entourent, et à sa mère disparue. Ces formes géantes dans le sable regardent les nuages, pour que sa mère puisse, peut-être, les contempler elle aussi.

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Juliette Sergent, journaliste-rédactrice
Le 30/05/2025


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