« C’est un rêve d’enfant qui s’est concrétisé », Violette Dorange revient sur son Vendée Globe
« C’est un rêve d’enfant qui s’est concrétisé », Violette Dorange revient sur son Vendée Globe

« C’est un rêve d’enfant qui s’est concrétisé », Violette Dorange revient sur son Vendée Globe

Après 90 jours, 22 heures et 37 minutes en mer, Violette Dorange a franchi la ligne d’arrivée aux Sables-d’Olonne dimanche 9 février. Arrivée en 25e position, la skippeuse bretonne est devenue la plus jeune navigatrice à boucler ce tour du monde à la voile sans escale et sans assistance. Elle nous raconte son Vendée Globe.

Journaliste : Comment est née votre passion pour la voile ?

Violette Dorange : J’ai commencé très jeune avec la voile en optimiste, et assez rapidement, je me suis lancée dans la compétition. Au lycée, je suis entrée en sport-études, tout mon parcours scolaire était aménagé pour la voile. Ce n’est qu’après que je me suis orientée vers la course au large.

Journaliste : Qu’est-ce qui vous a motivée à faire le Vendée Globe ?

Violette Dorange : J’ai toujours eu envie de partir loin, de traverser les océans et de partir à l’aventure. Le Vendée Globe, c’est le graal de toutes les compétitions. Cela a toujours été un rêve ! J’ai commencé ma carrière dans la course au large et petit à petit, l’idée de me lancer dans le Vendée Globe est devenue une réalité.

Journaliste : Aviez-vous des angoisses avant de partir ?

Violette Dorange : Le Vendée Globe, c’est le départ vers l’inconnu… J’ai fait huit fois la traversée de l’Atlantique mais je n’étais jamais allée dans l’hémisphère sud. J’allais donc découvrir de nouveaux océans que je ne connaissais pas. J’allais aussi découvrir les courses longues, car mon record précédent était de 20 jours en mer. Il y avait donc beaucoup d’inconnus ! 

Journaliste : Comment se sont passés vos premiers jours à bord ? 

Violette Dorange : Les premiers jours sont particuliers… On vient de vivre trois semaines dans le village avec tout le monde, puis il y a le départ du Vendée Globe. Il y a énormément de monde qui vient nous voir, c’est la grande fête ! Je me souviens que pendant ces premiers jours, j’en revenais pas d’être là.

Journaliste : Avez-vous ressenti des angoisses pendant la course ?

Violette Dorange : Oui, il y a eu des moments de peur, notamment lors de ma première tempête dans l’océan Indien. Les vagues étaient énormes et les vents extrêmement forts. Mais le moment qui m’a vraiment marquée, c’est lorsque je suis montée sur le mât pour réparer un problème. La mer était agitée, il y avait des vagues d’un mètre cinquante, c’était terrifiant. Mais il fallait que je le fasse. En montant, je me suis faite très peur car je me cognais de partout. J’ai mis beaucoup de temps à monter car je me faisais balader dans le mât. Je n’arrivais pas à me tenir et à m’accrocher. J’avais très peur de me casser quelque chose. J’avais des bleus partout, c’était vraiment dur ! 

Journaliste : Quels sont vos plus beaux moments ?

Violette Dorange : Il y a eu plein de moments magiques, et c’est aussi pour cela qu’on fait le Vendée Globe. J’étais émerveillée quand nous avons croisé des icebergs qui étaient sortis de la zone des glaces et remontés vers le nord. Mais ce qui était encore plus impressionnant, c’est le lendemain : il y avait des grains polaires, des nuages avec de la neige dedans. C’était magnifique ! Le moment était parfait, car dans les mers du Sud, les jours sont sans fin, la nuit était claire, il y avait des arcs-en-ciel entre les nuages et des albatros qui volaient. Tout était fou !

Journaliste : Comment avez-vous vécu les fêtes de fin d’année ?

Violette Dorange : Je les ai très bien vécues ! À Noël, je me sentais super bien en mer et en plus j’ai eu des cadeaux inattendus ! Mes proches m’avaient caché des surprises dans le bateau. J’ai eu plein de trucs rigolos, comme des chaussettes avec les têtes de mes copains dessus. Et pour le Nouvel An, j’ai une petite anecdote. C’était le même jour que mon passage du point Nemo, le point le plus éloigné de toute civilisation. À cet endroit, on est plus proche de la station ISS que des habitations. On est loin de tout ! Mais heureusement, il y avait des concurrents pas loin, c’est rassurant !

Journaliste : Comment avez-vous géré la fatigue ?

Violette Dorange : Sur de grandes courses, on dort en sieste. Chacun à son rythme, moi je dormais par tranche d’une heure. On peut en faire autant qu’on veut quand on a le temps. Après, il faut toujours se réveiller à la fin pour vérifier que le bateau avance toujours bien, qu’il n’y ai pas de cargo et qu’on soit sur la bonne route.

Journaliste : Au niveau de l’alimentation, à quoi ressemble un repas en mer ?

Violette Dorange : Chaque jour, j’avais un lyophilisé, donc quelque chose de déshydraté, et un appertisé, quelque chose mis sous vide, donc stérilisé. Ensuite, j’avais des snacks, des conserves de rillettes ou de sardines et du pain de longue conservation. J’avais aussi des carrés de chocolat, des compotes, pas mal de petits trucs comme ça en plus. Tout au long du parcours, j’avais un sac par jour. Moi, j’ai fonctionné comme ça, mais chacun fait comme il veut. Les calories étaient calculées par sac, notamment pour les zones du parcours où l’on passe dans des endroits chauds, j’avais des repas adaptés. Puis, dans les mers du Sud, là où il fait froid, j’avais beaucoup plus de calories. Voilà, c’était rationné et j’ai réussi à me contenir, donc ça s’est très bien passé.

Journaliste : Quel aliment vous a le plus manqué ?

Violette Dorange : Ce qui m’a beaucoup manqué, ce sont les fruits et légumes frais, le pain frais et une bonne pizza.

Journaliste : Qu’avez-vous ressenti quand vous êtes arrivée aux Sables d’Olonne ?

Violette Dorange : Ça a été incroyable, c’était vraiment hallucinant de voir autant de monde ! Il y avait environ 50 bateaux, c’était énorme ! Je ne m’attendais pas à un tel chenal avec autant d’ambiance ! C’était fou ! J’ai pu retrouver ma famille aussi ! Ils étaient fiers de moi, nous avions des larmes de joie.

Journaliste : Est-ce que la petite Violette aurait pensé réussir un jour le Vendée Globe ?

Violette Dorange : Je n’aurais jamais imaginé arriver jusqu’ici. C’est un rêve d’enfant qui s’est concrétisé. Et finir le Vendée Globe dès ma première participation, à 23 ans, c’est un exploit incroyable ! Je me sens très chanceuse.

Journaliste : Quels sont vos projets pour 2025 ? 

Violette Dorange : En 2025, je vais être la co-skippeuse de Samantha Davies. Nous allons faire une transat en double, ainsi que plusieurs courses de préparation. Peut-être même un autre Vendée Globe dans quatre ans, j’aimerais bien, mais rien n’est encore certain.

Journaliste : Comment avez-vous réagi quand ce projet s’est concrétisé ?

Violette Dorange : J’étais tellement heureuse quand j’ai appris ça ! C’est fou ce qui m’arrive, ce sont des rêves qui s’enchaînent ! Samantha Davis m’inspire depuis que je suis toute petite, donc c’est dingue ! Quand j’avais 7 ans, elle m’avait signé mon T-shirt ! Elle fait partie des femmes qui m’ont donné envie de faire de la course au large. J’ai beaucoup d’admiration pour le projet Initiatives-Cœur, ils sont très engagés auprès d’une cause tout en gardant la performance. C’est très important de s’engager !

Journaliste : Vous avez fait découvrir la voile à de nombreuses personnes via vos réseaux sociaux. Qu’est-ce que cela vous fait ?

Violette Dorange : Ça fait très très plaisir, j’ai reçu énormément de soutien ! Et puis c’est une victoire aussi pour les partenaires, tous les sponsors qui ont suivi le projet depuis des années. J’ai pu mettre en avant la fondation des Apprentis d’Auteuil que je soutiens depuis maintenant 4 ou 5 ans, et c’est très important !

Journaliste : Vous vous en rendiez compte en mer de l’ampleur que vous preniez sur les réseaux sociaux ?

Violette Dorange : En mer, j’étais vraiment dans ma bulle pendant 3 mois, je n’avais pas les réseaux sociaux. J’avais très peu d’Internet, donc j’étais en dehors de tout ça. J’étais concentrée sur ma course, mais je savais qu’on avait un gain de notoriété autour du projet parce que mes proches et ma famille me parlaient de ça. Je le vivais à travers ce que eux vivaient et me disaient.

Journaliste : Comment allez-vous gérer cette notoriété dorénavant ? 

Violette Dorange : Je ne sais pas comment ça va se matérialiser encore. Je suis complètement dans la découverte de tout ça. Il y a tout qui arrive d’un coup. Pendant 3 mois, j’étais dans ma bulle, je n’ai vu aucun visage, et du jour au lendemain, j’ai vu toutes ces personnes ! Je suis encore dans la découverte de ça, mais ça ne me fait pas peur. Aux Sables d’Olonne, oui, les gens me reconnaissent, mais à Paris, je suis tranquille.

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