Francine Christophe est déportée avec sa mère dans le camp de Bergen-Belsen alors qu’elle n’a que onze ans. Autorisée à emporter un « objet supplémentaire », sa mère lui confie un carré de chocolat, en cas de désespoir. Soixante-dix ans plus tard, ce geste lui revient d’une manière bouleversante.
Née en 1933, Francine Christophe grandit dans une famille juive française. Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, elle et sa mère sont arrêtées en essayant de passer la ligne de démarcation, en Charente. Pendant deux ans, elles vont connaître plusieurs camps d’internement en France. Le 2 mai 1944, Francine et sa mère sont transférées au camp de Bergen-Belsen, en Allemagne.
« Tu veux bien qu’on donne du chocolat ? »
Fille d’un prisonnier de guerre, Francine est autorisée à emporter un « objet supplémentaire ». Sa mère, Marcelle, décide de garder un petit morceau de chocolat, à consommer lorsqu’elle sera au plus bas. Un jour, elle demande à sa fille si elle peut donner ce chocolat à son amie Hélène qui s’apprête à accoucher. Sans hésiter une seconde, la fillette offre son unique carré pour donner un peu de force au nouveau-né et à sa mère. Grâce à ce geste, l’enfant et la mère survivent ! « C’était naturel d’aider une camarade qui allait peut-être mourir », se souvient-elle.
Francine et sa mère sont finalement libérées le 23 avril 1945. Marquée par l’horreur des camps, Francine tente tant bien que mal de se reconstruire. Elle devient écrivaine et donne régulièrement des conférences auprès des jeunes dans les collèges et lycées pour partager son témoignage.
« Je suis le bébé ! »
Un jour, alors qu’elle donne une conférence sur la mémoire des camps, une femme l’interrompt. En se levant, celle-ci sort un morceau de chocolat et dit « Je suis le bébé ! » . Très émue, Francine comprend qu’il s’agit de l’enfant qu’elle a sauvé, près de soixante-dix ans auparavant. Pour remercier celle qui lui a sauvé la vie, le bébé des camps, devenue psychiatre, envoie tous les ans à Noël un ballotin de chocolats.
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Luce Brach
Le 09/04/2025
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