Ils sauvent une tourbière menacée par le réchauffement climatique en Alsace
Ils sauvent une tourbière menacée par le réchauffement climatique en Alsace

Ils sauvent une tourbière menacée par le réchauffement climatique en Alsace

La tourbière du See à Urbès, en Alsace, a été restaurée pour contrer les effets du réchauffement climatique, qui avait favorisé la prolifération d’espèces envahissantes. Louis Thiébaud, technicien de l’environnement oeuvre pour la protection de la biodiversité locale depuis plus de trois ans.

À quelques kilomètres de Belfort, au cœur des Vosges, la tourbière du See à Urbès retrouve peu à peu sa splendeur d’antan. Envahie par des espèces ligneuses envahissantes, elle avait perdu son équilibre naturel. Mais aujourd’hui, grâce aux efforts conjugués du Conservatoire des espaces naturels d’Alsace, des collectivités locales, et des habitants de la vallée de la Thur, cet espace d’une biodiverité exceptionnelle est sauvé. Louis Thiébaud, technicien de l’environnement, est en première ligne de ce chantier écologique.

En foulant le sol humide de la tourbière, Louis Thiébaud regarde avec fierté le paysage qui s’ouvre devant lui. « C’est une victoire pour la nature et pour nous tous. Il y a quelques années, la tourbière était presque perdue, étouffée par les arbres et les buissons qui empêchaient la lumière de pénétrer », raconte-t-il.

Louis Thiébaud observe avec minutie les progrès effectués depuis plus de trois ans pour rénover la tourbière du See à Urbès.

Cette densification du milieu, due à l’invasion d’espèces ligneuses, est l’une des conséquences directes du réchauffement climatique. Les espèces floristiques originelles, qui avaient fait la renommée du site, peinaient à s’exprimer, et les zones de nidification étaient menacées. « Le réchauffement climatique a permis à ces espèces envahissantes de proliférer. Le milieu s’est densifié, étouffant petit à petit la biodiversité. Les espèces locales, comme la Sarcelle d’hiver et le Castor d’Europe, ont vu leur habitat se réduire », regrette Louis Thiébaud.

« Cette tourbière, c’est un bout de notre patrimoine »

Mais face à cette menace, un plan de restauration ambitieux a été lancé en 2021. L’objectif : arracher les espèces invasives tout en favorisant le retour des plantes et des animaux originels. « Nous avons procédé à une sélection minutieuse des espèces. Celles qui sont indigènes ont été préservées et protégées, tandis que les plantes envahissantes ont été retirées progressivement », précise le technicien, tout en montrant du doigt une zone où le chantier de restauration bat son plein. Ce travail d’arrachage, bien que laborieux, est essentiel pour rétablir l’équilibre écologique de la tourbière.

Ce lieu est bien plus qu’un simple réservoir de biodiversité. Il porte aussi la mémoire d’une histoire industrielle forte, ancrée dans la vie des habitants de la vallée de la Thur. Autrefois, la tourbe extraite de cette tourbière servait aux besoins de l’industrie textile régionale. « Cette tourbière, c’est un bout de notre patrimoine », affirme l’alsacien, Louis Thiébaud.

Une collecte de fond de plus de 30 000 euros

Aujourd’hui, la restauration de cet espace naturel est également un hommage à ce passé, un pont entre histoire et écologie. Grâce à une collecte de fonds qui réunit près de 30 000 euros, notamment via le soutien de la Mission Patrimoine portée par Stéphane Bern, la tourbière bénéficie désormais des moyens nécessaires à sa protection durable. « Ce projet est un exemple parfait de ce que l’on peut accomplir lorsque tout le monde se mobilise : les collectivités, les associations, les citoyens… C’est une vraie synergie », se réjouit Louis Thiébaud. « Nous avons réalisé en trois ans ce que nous avions prévu de réaliser en dix ans », déclare Marc Brignon, directeur du Conservatoire d’espaces naturels (CEN) d’Alsace.

La tourbière retrouve aujourd’hui son rôle de sanctuaire écologique, où des espèces rares peuvent à nouveau nidifier en toute quiétude. Pour Louis Thiébaud et son équipe, le travail n’est pas terminé, mais les résultats sont déjà là, visibles et encourageants.

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Le 23 octobre 2024

Claire VALENTIN

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