Mohammed El Yazid, 61 ans, a perdu l’usage de ses yeux à l’âge de trois ans. En mai dernier, il a créé « Les Brico-Miros », un atelier de travail du bois dédié aux déficients visuels. Son objectif ? Briser l’isolement des personnes dans la même situation de handicap que lui et favoriser leur insertion dans la société en partageant sa passion.
C’est le sourire aux lèvres que Mohammed El Yazid nous ouvre les portes de son atelier de bricolage situé à Champigny ?. Tout ce qui se trouve à l’intérieur, c’est lui qui l’a réalisé de ses propres mains. Des jeux de dames pour non-voyants aux dessous de plats et lampes de chevet, il y en partout. Le sexagénaire imagine ses objets dans sa tête et les conçoit sans même avoir besoin de les dessiner. Privé de la vision du monde extérieur dès son jeune âge, il a trouvé son royaume dans le toucher, dans la texture du bois, et dans l’odeur des copeaux volants.
Le bricolage et Mohammed, c’est une histoire d’amour qui ne date pas d’hier. Aussi loin qu’il s’en rappelle, il a toujours eu une fascination pour la fabrication des objets et la réalisation des tâches quotidiennes. « Je bricolais à la maison en faisant un trou dans le mur, changer un interrupteur, utiliser une perceuse… Des petites choses« , se remémore le sexagénaire. Aujourd’hui, il souhaite prouver que le handicap n’est pas un frein pour réaliser ses rêves et ses envies.
Adapter son quotidien
Pour exercer sa passion, il a du redoubler de créativité afin de pouvoir continuer à bricoler en toute sécurité. « Un voyant, quand il imagine quelque chose, il va le tracer sur un papier. Moi non« . Afin de faciliter son quotidien, Mohammed a du adapter la plupart de ses outils. « Il y a des choses que j’ai adaptées et ça devient vraiment automatique pour moi« . Sa pièce maîtresse ? Un maître qui lui indique les mesures sous forme de messages audio.
Alors que la perte de sa vue aurait pu le décourager, Mohammed n’a jamais abandonné sa passion et a crée en mai dernier « Les Brico-Miros », un atelier de travail du bois dédié aux déficients visuels. Sa conviction est quant à elle aussi claire que ses talents de bricoleur : le handicap ne doit jamais être un obstacle infranchissable. Il croit fermement que les personnes en situation de handicap ne doivent pas se limiter dans leur vie, mais la vivre pleinement.
Alexandra Gueguiniat