L’entreprise nantaise, Poules pour tous, récupère des poules en sortie d’élevages pour les revendre à des particuliers. Les volailles ont 18 mois maximum et sont encore aptes à pondre plusieurs années ! Rencontre avec Eva, la livreuse de poules qui leur offre une deuxième vie !
Se lever à l’heure des poules, c’est le quotidien de Eva. La jeune femme ne se ménage pas, à 6h elle est déjà devant son camion. Mais elle n’est en rien une chauffeuse livreuse habituelle .. car sa cargaison, ce sont belles et bien des poules !
« Tu m’aides à fermer le camion Eva ? ». Thomas est le patron de Poules pour tous. C’est lui qui a fondé l’entreprise en 2017. Seul au début de l’aventure, il s’est entouré d’une équipe de 5 livreurs et livreuses de poules.
« On met en relation les éleveurs avec les particuliers »
« Tout part d’un constat. Les éleveurs sont obligés de faire un vide sanitaire de leurs bâtiments au bout de 18 mois. Sauf qu’ils ne savent pas où mettre les poules. Alors, ils les envoient à l’abattoir pour être rentable, explique- t-il, mais elles peuvent encore pondre. Et plein de gens recherchent des poules. »
Le chemin était tout tracé. Thomas propose alors aux éleveurs de racheter leurs poules à meilleur prix que les abattoirs, pour ensuite les revendre à des particuliers. « On recycle ! On met en relation les éleveurs avec les particuliers. Et ça marche, regardez mon tableau, j’ai plein de commandes ! » Effectivement, il n’y pas un jour vide. Le planning croule sous les livraisons de volailles.
Les acheteurs, c’est Eva qui s’occupent de leur livrer leurs petits compagnons à plumes un peu partout dans l’ouest de la France. « Allez en route ! On a deux heures et demi jusqu’à sainte Maure de Touraine », lance telle. À l’avant du camion, la jeune femme règle la ventilation pour que les poules ne suffoquent pas pendant le voyage. Dans la nuit noire, des centaines de poules quittent la région nantaise pour une nouvelle vie, dans le centre-val-de-Loire.
Camion poids lourd, colis poids plume
« Aujourd’hui on a 500 poules dans le camion. Elles viennent de Marans. Thomas a été les récupérer chez l’éleveur cette nuit. » Eva prend le relais, elle fait deux marchés dans la journée, un premier le matin et un second l’après-midi. “On donne rendez-vous aux gens sur des parkings de supermarchés. Tout est écrit sur notre site l’heure et le lieu.”
Sur le parking ce matin, une dizaine de personnes attendent déjà, cartons à la main.
Bonjour ! C’est à quel nom ?”
Deux poules par ci, trois poules par là, “c’est de la vente aux détails ! Mais petit à petit, on écoule nos 500 poules.”
À 7 euros la poule rousse, contre environ 30 en jardinerie, les clients se réjouissent de cette petite entreprise itinérante.
“C’est pratique, explique Jean-Marie, elles ne sont pas toutes jeunes mais elles peuvent pondre encore trois, quatre ans.” Carton fermé, le retraité embarque dans son coffre six poules, direction Chinon ! “Nous on en a déjà quelques-unes mais on renouvelle le cheptel quand il faut. On les met en poulailler puis on les libère de temps en temps, elles sont contentes dans le jardin. C’est bien si on peut leur éviter la casserole, et puis nous ça nous fait des œufs”, s’enthousiasme Christine dans un large sourire.
Pendant deux heures, les clients s’enchaînent et Eva n’a pas une minute à elle.
“Vous voyez vous la prenez sous le jabot comme ça et vous tenez bien les pattes pour pas qu’elle s’échappe.”
“C’est sportif, il faut monter dans le camion, tout le temps bouger les cages, mais c’est bien ça maintient en forme !”, s’exclame-t-elle, trois poules dans chaque main.
Poules sentimentales
Eva a enchaîné les “petits boulots” avant de signer à Poules pour Tous. Derrière un ordinateur au milieu d’un open space, elle n’était pas vraiment à sa place. “J’ai besoin de bouger, d’être dehors, de voir du monde. Et puis surtout, j’avais envie d’un métier utile. Sur un an, on a déjà sauvé 100 000 poules. Alors c’est une goutte d’eau sur toute la France, mais quand même c’est 100 000 vies. Je suis très fière de nous.”
En deux heures, elle aura vendu pas loin de 250 poules, qui, elle le sait, découvriront les joies de picorer dans un jardin le jour même. “C’est très satisfaisant, je me dis que ça y est le calvaire est enfin fini pour elles !”
12h. Fin de la vente, direction Château-Renault pour un deuxième marché cet après-midi. “Allez en route les filles !”