Un écuroduc a été installé à Guebwiller, en Alsace, pour permettre aux écureuils roux de traverser une route dangereuse en toute sécurité. Ce projet, financé par un budget participatif de la Fondation du Patrimoine, vise à protéger cette espèce menacée.
Sous les frondaisons dorées de l’automne alsacien, une structure insolite se tend au-dessus de l’avenue des Chasseurs Alpins, à Guebwiller. Entre deux chênes majestueux, un câble élastique de 14 mètres de long serpente, comme suspendu dans les airs. C’est ici que les écureuils roux de la région trouveront leur passage sécurisé : l’écuroduc. Un couloir aérien destiné à sauver ces petits acrobates de la route, véritable piège pour eux.
Le projet, né de la volonté citoyenne et soutenu par un budget participatif de 5 000 euros de la Fondation du Patrimoine, prend vie sous les yeux attentifs des habitants et des responsables du projet. Camille Cardey-Page, responsable environnement de la ville de Guebwiller, observe l’installation avec un sourire fier. « Cela fait des années que l’on voit des écureuils écrasés entre ces deux parcs », raconte-t-elle en pointant du doigt la route en contrebas. « Ces deux espaces verts sont des havres de biodiversité, mais cette avenue coupait littéralement leur habitat en deux. Les écureuils n’ont pas d’autre choix que de descendre au sol pour traverser, et c’est là que le danger survient. » Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plusieurs collisions chaque année, des vies animales fauchées en plein élan.
« L’Alsace est une région riche en biodiversité ! «
Le dispositif est simple mais ingénieux. Le câble, fait d’un matériau élastique, s’ajuste en fonction des variations climatiques et des mouvements des arbres. « Ce n’est pas juste un pont », précise Camille Cardey-Page. « Il doit se tendre et se détendre avec eux pour rester fonctionnel tout au long de l’année. » Un système de poulies et de contrepoids permet de maintenir le câble toujours opérationnel, même en cas de grands vents ou de changement brutal de température.
« Ce projet est l’essence même de notre mission », affirme Alexandre Giuglaris, directeur général de la Fondation du Patrimoine, avec conviction. « Un budget participatif, ce n’est pas juste un financement. C’est une idée collective, soutenue par les habitants, qui se concrétise. Les citoyens se sont mobilisés pour protéger ces écureuils, et c’est leur initiative qui a permis de réaliser ce pont de vie. » Il rajoute : « On voit souvent des projets de ce type naître dans les grandes métropoles, mais ici, à Guebwiller, c’est une première. L’Alsace est une région riche en biodiversité ! » Sous leurs yeux, un premier écureuil s’aventure timidement à proximité de l’installation. Il hésite, observe, puis disparaît dans le feuillage. « Ils vont s’habituer », confie la responsable environnement de la ville.
Réconcilier la ville et la nature
« C’est une question de temps. Mais avec les pièges photographiques installés, on va pouvoir vérifier très rapidement si l’écuroduc est utilisé. » L’avenue des Chasseurs Alpins, jusque-là un obstacle insurmontable, devient désormais un pont entre deux mondes pour ces petits grimpeurs. « Nous avons déjà des exemples réussis ailleurs en France », ajoute Alexandre Giuglaris. « Une fois qu’ils auront compris que ce chemin est sûr, ils l’emprunteront régulièrement. »
Les habitants de Guebwiller regardent maintenant ces petits rongeurs avec un œil nouveau, conscients de leur fragilité et de la responsabilité qu’ils partagent à les protéger. L’écuroduc, tendu dans le ciel alsacien, devient alors bien plus qu’un simple câble. Il est le témoin d’une volonté collective de réconcilier la ville et la nature, un geste pour préserver une espèce dont le nombre ne cesse de diminuer, malgré sa protection.
Le 21 octobre 2024
Claire VALENTIN
Wow belle initiative