Raymond Gosselin a commencé sa vie ouvrier et la finira artiste. Récit de l’ascension d’un homme qui a choisi de suivre son rêve.
Connaissez-vous La nageuse ? Cette femme acheminant les vagues à contre courant, son corps telle une machine se laisse apercevoir à travers la transparence de l’eau. Il semble en effet peu probable que vous ayez déjà entendu l’histoire de son réalisateur, Raymond Gosselin. Voici aujourd’hui la vie peu commune de cet artiste.
Initialement ouvrier, il poursuivit son rêve, loin du chemin qui lui était tracé afin de vivre de sa passion ; une passion grâce à laquelle il a aussi pu vivre de belles rencontres.
Du garage à l’atelier
Raymond Gosselin est né le 21 janvier 1924 au sein de la toute petite commune de Quettehou, dans la Manche. Sa mère était couturière et son père ouvrier en usine. A cette époque, Raymond n’a pas d’autre choix que d’exercer le même métier que son père. Ainsi, il reçoit une formation en mécanique, électricité, bien qu’il rêve déjà d’autres horizons… A quatorze ans, il entame son apprentissage dans un garage automobile et, par la suite, devient résistant durant la Seconde Guerre mondiale.
En 1945, il quitte Quettehou, s’installe avec sa femme à Cherbourg et ouvre cette fois-ci son propre garage. Le fait de s’installer dans une ville bien plus grande lui permet de faire des rencontres inspirantes pour la suite de son parcours., Celles-ci vont lui faire prendre conscience de sa passion qui sommeille en lui depuis toujours. En effet, à Cherbourg, son voisin, Louis Anfray, est un grand passionné de Van Gogh. Celui-ci, l’initie à l’art, à la culture et dans une autre mesure l’incite à suivre des cours à l’école des Beaux-Arts de Cherbourg.
Il souhaite sublimer les mouvements des travailleurs en les figeant sur des toiles mais aussi sous forme de sculptures.
Très vite, son talent est remarqué par le critique Georges Turpin lors de son exposition au Salon des artistes français. En 1956, il rencontre sa seconde épouse, Geneviève avec qui il s’installe dans la ville du Havre. Ce nouveau cadre de vie lui offre l’opportunité de travailler avec Reynold Arnould, conservateur du musée du Havre. Les deux hommes se lient d’amitié ce qui permet à Raymond Gosselin d’exposer son œuvre Portrait d’un homme dans ce musée.
Raymond Gosselin, un coeur d’homme, une âme d’artiste
Au-delà d’être un artiste, Raymond Gosselin est aussi un homme qui a contribué à la démocratisation de la culture au sein de la ville du Havre. Il apprend aux autres ce qu’il n’a pas reçu étant jeune. Sa démarche poursuit bien sûr la volonté d’André Malraux, alors ministre de la culture, qui souhaite démocratiser celle-ci, permettre à chacun, peu importe son origine, d’y avoir accès. Mais, il a surtout cherché à montrer qu’il n’y a pas un «goût légitime», pour reprendre les termes de Pierre Bourdieu. Autrement dit, l’Art industriel, l’Art de l’usine est tout aussi intéressant.
En ce qui concerne ses œuvres, elles sont engagées. Raymond Gosselin observe les ouvriers du port du Havre, leurs postures, leurs gestes ainsi que leur rapport aux outils portuaires. Il souhaite sublimer les mouvements des travailleurs en les figeant sur des toiles mais aussi sous forme de sculptures.
Raymond Gosselin ou l’histoire d’un homme devenu artiste , celle d’un homme soucieux du monde qui l’entoure et acteur de son époque.
Publié le 23 avril 2022
Par Eve Cambier
Superbe rédactrice ! 🤍
J’ai travaillé avec cet homme formidable de 1985 à 1987 et je garde de souvenirs merveilleux
Des moments intenses de découverte et de création artiste.