Deux statues perdues regagnent le chemin du Château de Versailles
Deux statues perdues regagnent le chemin du Château de Versailles

Deux statues perdues regagnent le chemin du Château de Versailles

Par Pascale E
Publié 15 mars 2022

Zêphyr, Flore et l’Amour ainsi que l’Abondance, 2 sculptures perdues depuis de nombreuses années vont pouvoir réintégrer le Château de Versailles.

En 2016 à sa prise de fonction, Lionel ARSAC, conservateur des sculptures du Château de Versailles, consulte les catalogues des œuvres du Château, dans lequel 2 sculptures étaient répertoriées, mais absentes des collections. Quelques temps plus tard, il se lance dans une enquête de plusieurs mois, afin de retrouver Zêphyr, Flore et l’Amour, groupe en marbre de Carrare, de Philippe Bertrand, René Frémin et Jacques Bousseau (sculpté entre 1713 et 1726).  Il s’agit d’une commande de Louis XIV et qui compte parmi les plus belles commandes royales du XVIIIè siècle !

«C’est vraiment une très belle opération qui se fait au nom de l’amitié de nos deux pays».

Lionel Arsac

Lors de ses investigations, Lionel ARSAC consulte les catalogues de ventes et apprend ainsi une information capitale : l’oeuvre a été achetée par Alphonse de Rotschild en 1881. S’ensuit alors une recherche peu commune pour un historien de l’art, puisqu’il se lance dans la difficile tâche de dresser l’arbre généalogique descendant de la famille de Rotschild en partant d’Alphonse, il a ensuite répertorié toutes les nombreuses résidences de la famille autant en France, qu’à l’étranger.

Zêphyr, Flore et l’Amour ont été retrouvées dans les jardins de l’ambassade d’Angola et regagnent le Château de Versailles

Ce fastidieux travail de recherche terminé, Lionel ARSAC a alors débuté la visite systématique de ces résidences, du moins pour celles qui étaient visitables. Aussi, en s’aidant de Google View, il a arpenté virtuellement les jardins de ces résidences à la recherche de la sculpture. C’est ainsi qu’il s’est aperçu que dans les jardins de l’hôtel Ephrussi Rotschild, avenue Foch à Paris, figuraient 2 formes blanches, sans qu’il puisse déterminer si l’une d’entre elles était bien la statue qu’il recherchait. Mais voilà, cet hôtel particulier était depuis 1976, devenu l’ambassade d’Angola en France. Fort heureusement, l’Angola a autorisé Lionel ARSAC à visiter les jardins et c’est ainsi qu’il put confirmer que l’un des 2 points blancs aperçus sur Google View était bien Flore, Zéphyr et l’Amour ! Sa quête avait trouvé son aboutissement !

Et quelle ne fut pas sa surprise, en reconnaissant une autre statue perdue, à savoir l’Abondance, une œuvre commandée par Louis XV à Lambert-Sigisbert ADAM en 1752 pour les jardins de Choisy, propriété disparue aujourd’hui, mais en son temps, une des résidences préférées du monarque.

Un vrai partenariat a été mis en place puisque des professionnels de la culture français vont partir en Angola et plusieurs directeurs de musées angolais vont être accueillis à Versailles.

Lionel ARSAC avait fait d’une pierre, deux coups ! Mais la tâche n’était pas terminée… Il s’agissait dorénavant de faire en sorte que les statues réintègrent les collections de Versailles. Très généreusement, l’Angola a, dès 2019, suggéré d’en faire don à la France, en échange de répliques. Il est à noter que si les diplomates angolais ne connaissaient ni la provenance, ni l’histoire de ces sculptures, ils avaient conscience de détenir des œuvres importantes. En effet, celles-ci ont fait l’objet de soins particuliers, elles avaient été nettoyées et protégées avec un vitrage.

Mais la coopération entre l’Angola et la France, dans le cadre de la restitution de ces oeuvres ne se limite pas à l’échange des statues : un vrai partenariat a été mis en place puisque des professionnels de la culture français vont partir en Angola et plusieurs directeurs de musées angolais vont être accueillis à Versailles. Pour Lionel ARSAC «c’est vraiment une très belle opération qui se fait au nom de l’amitié de nos deux pays».

À noter que les deux oeuvres feront l’objet d’une exposition qui permettra «d’un point de vue scientifique, de faire le point sur l’historique et le contexte de création de ces deux sculptures» selon Lionel ARSAC.

Cette exposition rassemblera environ 50 autres œuvres, issues des réserves du château, dont certaines seront montrées pour la première fois, faisant partie des réserves, d’autres moins visibles, provenant d’autres collections, d’autres encore de collections privées.

L’exposition se tient du 5 février au 5 juin, dans l’appartement de la Dauphine au Château de Versailles.

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