Docteur en médecine, Grand Officier de l’Ordre National du Mérite, Commandeur de la Légion d’Honneur… Jean-Louis Etienne a plus d’une corde à son arc. Récemment, le grand explorateur était à l’Université de la Terre afin de dévoiler son nouveau projet fou : le Polar Pod. Pour Le Média Positif, il partage les coulisses de sa nouvelle expédition et les secrets de sa vie riche en aventures !
Après une traversée du pôle Nord en solitaire pour la première fois au monde, Jean-Louis Etienne est de retour avec un nouveau projet ambitieux : le Polar Pod. Le flotteur géant devrait prendre la route courant 2024, en direction de l’Antarctique et de l’Océan Austral. Il a pour but d’étudier la faune et la flore de cet espace du globe encore méconnu et difficile d’accès.
Polar pod est un navire vertical de 100 mètres de haut, spécialement conçu par Jean-Louis Étienne afin d’étudier l’océan Austral, situé autour de l’Antarctique. Difficile d’accès, cette zone, aussi surnommée “les cinquantièmes hurlants” par les marins, est particulièrement connue pour sa dangerosité. “Grâce au Polar Pod et à sa stabilité, nous allons pouvoir séjourner sur cet océan de tempêtes et offrir aux chercheurs l’opportunité de l’étudier”, explique l’explorateur. Entraînés par le courant circumpolaire tel un satellite autour de l’Antarctique, les scientifiques qui monteront à bord du vaisseau géant feront 2 fois le tour du monde en l’espace de 3 ans.
Polar Pod : un projet à visée environnementale
Avec le Polar Pod, Jean-Louis Étienne a à cœur de découvrir un espace clé pour la protection de l’environnement. Acteur majeur du climat, l’océan Austral est aussi une véritable réserve de la biodiversité marine. “À lui seul, il absorberait près de la moitié du CO2 absorbé par les océans. C’est le principal puits de carbone océanique de la planète”, révèle l’explorateur. Avec ce navire silencieux qui ne possède ni moteur, ni générateur, les scientifiques et chercheurs écouteront les fonds marins pour dresser un inventaire de la faune et la flore.
“Nous allons mettre des hydrophones, c’est-à-dire des micros sous l’eau. Vu que l’on connaît la signature sonore de toutes les espèces, on sera capables de dresser un inventaire juste par écoute”, explique l’explorateur.
“On ne repousse pas ses limites, on les découvre”
Si Jean-Louis Étienne imagine avec le Polar Pod une expédition jamais réalisée jusqu’à présent, elle est loin d’être sa première aventure à travers le globe. L’explorateur et médecin, aujourd’hui âgé de 75 ans, a en effet consacré “une bonne partie de sa vie” à faire des expéditions dans les régions polaires. Il a notamment été le premier à traverser le pôle nord en solitaire et a également exploré l’Antarctique en traîneaux à chiens pendant sept mois. Et pour Jean-Louis Étienne, la clé de la réussite, c’est le mental.
“D’une manière générale, c’est toujours le mental qui gagne. Se remettre en selle quand il y a des difficultés, c’est ce qui fait la différence. En expédition, c’est pareil, résister à la tentation de l’abandon, c’est quelque chose que l’on apprend”, affirme l’explorateur.
Si quelqu’un lui avait dit qu’il deviendrait médecin puis explorateur, Jean-Louis Étienne n’y aurait sûrement pas cru. Après son bac, c’est vers le métier de tourneur-fraiseur que le Médaillé d’or de la Société de Géographie s’est premièrement tourné. “Je suis autodidacte. J’ai commencé en tant que tourneur fraiseur et je me suis toute ma vie appris à moi-même.” Même s’il raconte que l’école n’était pas trop “son truc”, Jean-Louis Étienne poursuit ses rêves et entame une carrière brillante.
“Quand vous apprenez à vous-même, vous êtes obligé de simplifier les choses, d’avoir des moyens mnémotechniques, des schémas. Ce qui me passionne avant tout, c’est la pédagogie. Et je trouve que toutes les solutions qui concernent le climat, la biodiversité, l’avenir de la plante passent essentiellement par la pédagogie.”
Aujourd’hui, Jean-Louis Étienne continue d’explorer, mais aussi de transmettre aux jeunes générations. “On est fait de performance, de choses que l’on ignore de soi tant qu’on n’a pas été confronté à la réalité. Donc suivez le chemin de vos rêves, même si le chemin est difficile”, conseille-t-il aux jeunes afin qu’ils continuent de croire en leurs rêves !
Alexandra Gueguiniat