Sportive de haut niveau en patinage de vitesse depuis son plus jeune âge, Tifany Huot-Marchand incarne la détermination et la passion. Rien ne semble pouvoir l’arrêter, jusqu’au 9 octobre 2022, jour où sa vie bascule brutalement. Lors d’une compétition de short-track aux Pays-Bas, une chute terrible survient. Le diagnostic est sans appel : une vertèbre cervicale brisée, la moelle épinière touchée. Tifany voit son parcours brutalement interrompu, mais renoncer n’a jamais fait partie de ses options. Rencontre.
Le sport, une manière de vivre.
Le sport. C’est ce qui a toujours animé Tifany. C’est lorsque sa voisine, Jacqueline, l’emmène à la patinoire pour la première fois, qu’un déclic se produit. Celle-ci a pratiqué « le short track » quand elle était plus jeune, cette discipline au nom particulier est plus connu sous le patinage de vitesse. Cette femme transmet à Tifany bien plus qu’une passion : une vocation.
Le quotidien d’un sportif de haut-niveau n’est pas de tout repos. Entraînements intenses, parfois jusqu’à trois ou quatre par jour, compétitions chaque week-end, alimentation millimétrée… Tout est pensé pour pousser les athlètes vers l’excellence – et ce, le plus rapidement possible. Tifany a navigué de structure en structure, croisant sur sa route une multitude d’entraîneurs. Certains, durs, voire impitoyables, lui ont fait vivre des périodes éprouvantes. D’autres, plus bienveillants, lui ont permis de se surpasser et de progresser.

Le début du cauchemar
9 octobre 2022. Une date qui restera gravée dans la mémoire de Tifany à vie. C’est lors d’une compétition qualificative pour les championnats du monde que la jeune patineuse de 28 ans est victime d’une chute violente. Déséquilibrée par l’une de ses adversaires, elle glisse et percute violemment le bord de la piste. Le choc est brutal : sa vertèbre cervicale C5 est fracturée, et sa moelle épinière touchée. Aucune sensation dans le bas du corps, aucune douleur ni larmes après le choc. Ce n’est que lorsque Tifany se retouve en soins intensifs, que les douleurs se réveillent. Cauchemar. Le verdict du corps médical est clair : « Vous ne remarcherez sans doute plus jamais. » est-il dit à l’espoir du patin français.

« Je préfère avoir mal au corps qu’au coeur »
Le sport de haut niveau, ce n’est pas seulement une succession d’entraînements. C’est une véritable école de la vie. Résilience, persévérance, force, ressources, détermination : autant de qualités forgées par ce statut exigeant. Ce sont ces valeurs auxquelles Tifany s’est accrochée, lorsque les repères venaient à manquer. « Si je suis là aujourd’hui, c’est grâce au sport, à la détermination. Mais surtout, grâce à la passion. ». Tifany s’était fait une promesse : marcher de nouveau, recourir, et repatiner. Trois objectifs comme trois phares dans l’obscurité, qui ont guidé sa reconstruction physique, mais aussi mentale. Il a fallu tout réapprendre et repartir de zéro. Manger, écrire, retrouver son autonomie.
Chaque progrès, aussi minime soit-il, devient une victoire tournée vers l’avenir : « Hier, j’ai bougé l’index gauche. Peut-être que demain, je bougerai deux doigts. Et ensuite, toute la main. » C’est avec cette mentalité que Tifany progresse, très rapidement.
À charge de revanche !
Remarcher : check. Recourir : check. Repatiner… Le corps médical a tranché. Les risques sont bien trop élevés : remonter sur la glace pourrait lui coûter la vie. Un verdict amer, mais loin d’abattre Tifany. Elle puise alors dans ses souvenirs d’enfance, où un autre rêve sommeillait : courir un marathon. Et ce rêve devient réalité. En 2024, Tifany foule les pavés des rues parisiennes lors du « Marathon pour Tous », invitée par nul autre que Tony Estanguet. Elle y participe en tant qu’ambassadrice officielle.
Une magnifique revanche pour cette jeune femme devenue un véritable symbole de résilience dans le sport français : « Il a fallu réapprivoiser mon corps. Mais le sport prend toujours autant de place dans ma vie. » nous confie t’elle.
« Avec toute mon âme », le récit d’une vie
Tifany a toujours rêvé d’écrire un livre. Certainement pas dans ces circonstances… mais la vie en a décidé autrement. Dans ce récit bouleversant, elle livre son histoire à cœur ouvert, avec toute la sincérité et l’intensité de son vécu. D’où le titre « Avec toute mon âme », chargé de sens, né de ce chemin semé de combats intérieurs. Plonger dans ces pages, c’est revivre avec elle un face-à-face avec la douleur, mais aussi avec la résilience. Ce livre, Tifany l’a écrit comme une thérapie.
Aujourd’hui, elle espère qu’il pourra tendre la main à celles et ceux qui, dans l’obscurité, peinent encore à trouver la lumière et la force d’avancer : « C’est comme ça qu’on se relève. Avec de l’espoir. ». Tifany continue son chemin, marqué par les épreuves de la vie. C’est avec pleins de projets sportifs que la jeune femme ponctue son avenir !
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Alice Schneider, journaliste rédactrice
07/05/25
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