Des chercheurs français développent un traitement contre Parkinson
Des chercheurs français développent un traitement contre Parkinson

Des chercheurs français développent un traitement contre Parkinson

Des chercheurs lillois ont mis au point un traitement novateur qui réduit les effets de la maladie de Parkinson. Ce traitement a montré son efficacité sur les 12 premiers patients testés.

Une véritable prouesse médicale. Pour atténuer les symptômes de la maladie de Parkinson, qui touche environ 280 000 personnes en France, ces chercheurs français ont trouvé une solution originale : administrer directement dans le cerveau la molécule qui manque aux patients atteints de cette pathologie.

Cette molécule manquante est la dopamine, un neurotransmetteur essentiel pour la régulation des mouvements volontaires et de la motivation. C’est cette absence de dopamine qui explique pourquoi certains patients ont des difficultés à marcher ou sont victimes de tremblements. Progressivement, les neurones dopaminergiques se détruisent, entraînant les symptômes caractéristiques de la maladie.

L’origine de ce traitement 

À l’origine de cette technologie, une découverte réalisée dans les années 1950 par le neurobiologiste suédois Arvid Carlsson, qui a reçu le prix Nobel en 2000 pour ses recherches. Cependant, il est impossible d’administrer directement de la dopamine à un patient, car la molécule serait dégradée avant d’atteindre le cerveau à cause des barrières intestinales et hématoencéphaliques.

Dès 1967, le traitement à base de L-dopa (ou lévodopa) a été introduit. Ce précurseur de la dopamine permet de limiter les symptômes en imitant l’action de cette molécule dans le cerveau. Néanmoins, dès les années 1980, ses limites sont apparues. 

Le traitement fonctionne bien au début, mais perd son efficacité sur le long terme. Ce traitement nécessite une administration continue par voie sous-cutanée ou entérale, ce qui entraîne des difficultés de dosage. De plus, des effets secondaires tels que des mouvements involontaires, des hallucinations et des changements de comportement (risques d’addiction au sexe, au jeu ou aux achats compulsifs) sont fréquemment observés.

Crédit photo : INBRAIN PHARMA

Ces chercheurs ont révolutionné la molécule dopamine

La stimulation cérébrale profonde, mise au point par le Français Alim-Louis Benabid, est une autre option. Toutefois, elle nécessite l’implantation d’électrodes dans le cerveau, avec un risque d’échec si elles ne sont pas placées correctement. De plus, cette technique ne traite que certains symptômes moteurs. 

En 2004, le Pr David Devos et le Pr Caroline Moreau, neurologues à Lille, ont eu l’idée d’envoyer directement de la dopamine dans le cerveau, au lieu de son précurseur ou de son agoniste.

D’autres chercheurs avaient déjà tenté cette approche, mais cela n’avait jamais fonctionné, car la dopamine s’oxyde rapidement à l’air libre. Les neurologues lillois ont alors révolutionné son utilisation en développant une dopamine chimiquement stable, appelée A-dopamine.

Plus de 4h de contrôle parfait des mouvements et plus de 6 heures d’autonomie en plus 

L’étape suivante a été de concevoir un dispositif pour stocker cette dopamine. Les chercheurs ont donc mis au point une innovation : une pompe implantée dans le ventre, qui est remplie chaque semaine par une infirmière et délivre la molécule dans la zone précise du cerveau où elle fait défaut, via un cathéter implanté.

Dès septembre 2020, 12 patients gravement atteints ont pu tester ce procédé. Après une intervention chirurgicale de moins de 4 heures, les patients étaient capables de marcher sans difficulté dans leur chambre, à l’exception d’une légère douleur abdominale due à l’incision pour implanter la pompe sous la peau.

Avec une dose de 150 à 250 mg d’A-dopamine délivrée sur 24 heures, leurs symptômes se sont améliorés de manière significative. En moyenne, les patients ont bénéficié de 4,4 heures supplémentaires de contrôle parfait des mouvements et de 6,2 heures d’autonomie accrue, avec une réduction de 60 % de la dose quotidienne de médicaments antiparkinsoniens oraux. Un exploit !

Un traitement qui pourrait s’adapter à d’autres maladies neurologiques 

Cerise sur le gâteau, aucun effet secondaire grave n’a été observé. Après quatre ans d’observations, aucune complication n’a été signalée. InBrain Pharma espère pouvoir commercialiser cette innovation dès le début de la prochaine décennie, voire avant, grâce aux programmes d’accès précoce disponibles en Europe.

Bien que les résultats des 12 premiers patients soient très prometteurs, les chercheurs s’emploient maintenant à lever 50 millions d’euros pour tester cette technologie sur un échantillon plus large de 170 patients. Cette nouvelle technique offre ainsi un espoir pour les patients atteints de cette pathologie, et pourrait également ouvrir la voie au traitement d’autres maladies neurologiques. Les chercheurs lillois espèrent pouvoir adapter cette technologie pour traiter, par exemple, la maladie de Charcot.

Lire aussi : Une révolution dans le traitement du cancer : la radiothérapie FLASH-VHEE

Adèle Delechat
Le 12/02/2025


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